Le marathon de Boston

Avant de raconter les détails de mon séjour aux États-Unis, j’ai envie de vous décrire la journée du marathon de Boston auquel mon mari a participé.

Un marathon mythique

Le marathon de Boston est historiquement le premier. Il est couru chaque année en avril sans interruption depuis 1897 ! Les coureurs viennent du monde entier. C’est un marathon connu pour son ambiance très chaleureuse tout au long du parcours.

Le 3e lundi d’avril, c’est aussi le Patriots’Day dans quelques états américains et il est férié. Les Américains fêtent l’une des premières batailles de la révolution américaine qui a eu lieu en 1775.

Le marathon de Boston a malheureusement été à la Une de l’actu dans des circonstances tragiques en 2013 lorsqu’un double attentat blessa des coureurs et des spectateurs au niveau de la ligne d’arrivée. Je me souviens de l’effroi que j’ai ressenti et j’ai pensé aux coureurs et aux spectateurs blessés gravement. Certains survivants ont pu à nouveau danser ou courir. Lisez par exemple l’exploit d’Adrianne. Le marathon de Boston a continué et « Boston Strong » est écrit dans toute la ville. Le slogan est aussi symbolisé par des jonquilles.

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Préparer la course

Pierre s’est inscrit individuellement grâce à sa performance au marathon d’Amsterdam (2h41). Il a ainsi pu se qualifier sans être obligé de passer par un tour opérateur et ça a quelques avantages : libre choix du logement et du vol, coût moins élevé.

La prépa a commencé fin janvier, c’est-à-dire environ 3 mois avant le marathon. Pendant la prépa, quelques compétitions (deux courses de 10 km et un semi-marathon), un plan d’entraînement précis, un régime strict (pas d’excès, des repas de récup après les grosses séances).

Tout était dans les clous pour faire 2h37. On reçoit par mail les infos : départ prévu dans le premier sas de la première vague (donc, normalement avec l’élite), c’est top ! Malheureusement, cette année les coureurs élites partiront 2 minutes plus tôt que la « masse ».

Et puis, à 4 semaines du marathon, une blessure… Une douleur vive est ressentie derrière la cuisse aux ischios-jambiers.

Rendez-vous chez le kiné plusieurs fois par semaine, repos, footings légers… Malheureusement, Pierre a commencé à douter qu’il serait en capacité d’accomplir la performance prévue. Si vous êtes athlète ou compagne d’un athlète, je vous laisse imaginer la détresse, la frustration et la colère ressenties.

Puis, une 2e douleur… Une tendinopathie : c’est le tendon d’achille qui fait souffrir. Le kiné met du taping et recommande de poursuivre l’entraînement et de garder une certaine intensité dans les séances pour continuer de solliciter le tendon.

Je vous le dis dès maintenant : Pierre a pu participer quand même et nous avons savouré l’ambiance du marathon de Boston.

Retrait du dossard à la Marathon Expo

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Arriver sur la ligne de départ

Les bus scolaires jaunes ont été réquisitionnés pour emmener les coureurs à Hopkinton sur la ligne de départ. En tant qu’accompagnatrice, ça été difficile de laisser mon homme partir seul avec ses doutes. Heureusement, je savais que je pouvais compter sur les nombreux bénévoles pour l’accompagner et le booster.

Le temps était plutôt mal parti : il y a eu un gros orage 2 heures avant le départ mais les coureurs ont été mis à l’abri. On a tous craint un temps aussi catastrophique, froid et pluvieux, qu’en 2018. Heureusement, la pluie s’est calmée au fil des heures et les températures étaient douces, environ 18°C. C’est même un peu trop élevé quand on s’est entraîné tout l’hiver entre 0 et 10°C…

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Regarder la course en 2018 : video Instagram marathon Boston 2018

Regarder la course

J’aurais adoré me placer près de la ligne d’arrivée face à l’écran géant mais c’est réservé aux VIP. Il y a un grand périmètre de sécurité autour de la ligne d’arrivée située à côté de la bibliothèque de Boston. Pour profiter du spectacle, je suis donc allée au niveau du Hynes Convention Center (c’est là qu’il y a la Marathon Expo) sur Boylston Street à 500 m de l’arrivée.

Les gens viennent tôt pour voir l’arrivée des courses et les bars sont pleins. Durant la matinée, on voit arriver : les wheelchair, puis les femmes et enfin les hommes. Cris, encouragements, pancartes, cloches, c’est une ambiance de folie des heures durant !

Les premiers hommes sont arrivés en 2h07 et ça s’est joué sur un tout dernier sprint :

Courir 42 km

Avant le départ, les coureurs ont écouté l’hymne national américain, puis c’est parti! Les vêtements laissés sur place, comme les vestes et les capes de pluie, sont données à une asso. Ils ont tout bon !

Selon les conseils du kiné, Pierre s’est échauffé autant qu’il a pu afin d’éviter de tirer net sur le tendon au moment du départ. C’était sans compter sur les entrechats nécessaires dès les 15 premiers mètres pour éviter les chutes des autres participants.

« Je me suis calé sur un rythme qui me permettait d’être à l’aise niveau cardio sachant que je ne pouvais pas faire davantage musculairement. La douleur était toujours là et je me demandais si ça tiendrait. »

Les kilomètres filent et l’allure reste régulière, laissant espérer un chrono de 2h43 quand même. Pierre passe le semi en 1h21.

Franchir le mur

Puis, ça se complique… Arrivent des flashs au niveau du tendon jusqu’au 27 km. Les douleurs se font sentir, les quadriceps deviennent durs. Le mur arrive plus tôt que prévu (habituellement un marathonien prend le mur aux alentours du 30e km).

Le mur du marathon, c’est quoi? On a l’impression que les jambes sont coupées, le moral est au plus bas et on pense, à ce moment-là, que l’on peut plus continuer. C’est physiologique : le corps n’a plus assez de réserve de glycogène (glucide) et va puiser dans les graisses pour avancer mais plus lentement. Le coureur ralentit son allure ou abandonne (voir l’article de l’Equipe). En manque d’énergie, le cerveau fabrique des pensées négatives et donne un sentiment d’épuisement. Le mur est psychologiquement très pénible.

« Je me dis qu’il me reste 1 heure à tenir et que mes jambes peuvent le supporter. J’aimerais tenir jusqu’au 35e km quitte à marcher ensuite. Je ralentis mon allure, inquiet par mon tendon d’Achille. »

« Après le 35e km, je m’arrête deux ou trois fois. Il me reste 30 minutes à courir mais, psychologiquement, ça devient long et difficile. Je me rappelle que ma prépa a été tronquée à cause de mes blessures et que je ne me suis pas préparé à gérer le mur. »

La fin du parcours est faite de faux-plats montants et descendants et ça tire sur les cuisses. Puis arrive le panneau « 1 mile to go » (soit 1,6 km). Malgré l’envie de s’arrêter, on continue grâce aux encouragements des spectateurs surexcités. C’est parfois tellement bruyant que l’on peine à faire le point avec soi-même.

Arriver

Un dernier virage et on entre sur Boylston Street à 500 mètres de l’arrivée. C’est le moment de savourer la joie d’être là et de l’avoir fait. Pierre franchit la ligne d’arrivée en 2h51 !

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Après

Les coureurs sont tout de suite pris en charge : on leur donne une couverture et de l’eau et puis la médaille. Il y a un parcours à suivre, qui semble long, qui permet aux jambes de continuer un peu le temps de retrouver tous ses esprits.

Puis le coureur arrive dans la zone « familles » organisée par ordre alphabétique. Quand j’ai rejoint mon homme, il faisait une hypoglycémie. Mais je n’étais pas inquiète car, là aussi, les secours sont présents, au cas où.

L’organisation de ce marathon est vraiment au top ! Dire qu’il faut gérer 30 000 coureurs, le flux des spectateurs et garantir la sécurité !

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Bilan

« Comme je n’étais pas au top de ma forme, je ne visais pas une performance et j’ai simplement voulu profiter de la course. Malheureusement, les douleurs et le mur m’ont empêché de profiter pleinement de la beauté du parcours. Malgré tout, je suis heureux d’avoir participé et d’avoir fini la course avec, tout de même, un chrono correct.

Au-delà du seul aspect compétition, cette course est une expérience exceptionnelle: de l’ambiance de la ville pendant le weekend au parcours pittoresque en passant par une organisation rodée et des bénévoles bienveillants….et surtout 42,2 km jonchés de  spectateurs, enfin de supporters tant les encouragements sont forts et qui culminent au passage du screaming tunnel. »

Les étudiantes du Wellesley College en 2017

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Site officiel du marathon de Boston : www.baa.org

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2 Comments

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